« Heliotropo 37 » : les photos de Graciela Iturbide à Paris

par | 15 Mai 2022 | Mexique en France

Une rétrospective de l’œuvre de Graciela Iturbide est ouverte au public à Paris depuis le mois de février. Dans un extraordinaire florilège d’images, s’étale l’univers et le sens artistique de cette Mexicaine universelle. 

La Fondation Cartier consacre une grande exposition au travail de la photographe mexicaine Graciela Iturbide, lauréate en 2008 du Prix Hasselblad, la plus haute distinction internationale dans le domaine de la photographie. Pour la première fois, se côtoient des prises de vue récentes et des années 1970-1990, tant du Mexique que d’autres parties du monde.  

Assistante du prestigieux photographe mexicain Manuel Alvarez Bravo pendant sa jeunesse, Graciela Iturbide apprend de son maître la patience, une vertu indispensable lors de la capture d’images : « il y a du temps, toujours il y a du temps », lui disait-il. Une patience qui la conduira à partager la vie des Indiens Seri du désert de Sonora en 1978 pendant un mois.  Plus tard, à l’invitation de l’artiste peintre Francisco Toledo, son compatriote, elle part photographier les habitants de la communauté zapotèque de Juchitan, où elle se rend pendant dix ans. De ces expériences en résultent deux séries qui la rendent célèbre. Et, justement, en 1982, elle expose pour la première fois à Paris, au Centre Pompidou, des images de Juchitan. 

Après la mort tragique de sa fille à l’âge de six ans, en 1970, elle affirme sentir la nécessité d’observer les festivités de la mort au Mexique et d’en tirer des images, en particulier des angelitos (petits anges), des enfants décédés très jeunes et qui, d’après  la religiosité populaire, vont au ciel parce qu’ils n’ont pas pêché. Il en résulte une autre série saisissante. 

Aujourd’hui, les images de ces premières étapes de son parcours professionnel, où domine la représentation humaine, sont exposées aux côtés de prises de vue plus récentes, où la présence de la figure de l’homme se fait plutôt rare. A présent, Graciela Iturbide semble plus s’intéresser à des fragments de la vie citadine au quotidien, des éclats de réalité soulignés par la lumière et la perspective. Une voie vers une sorte d’abstraction. Extraites de leur contexte, des choses  – ou des scènes parcellaires –  ordinaires deviennent différentes, voire bizarres, insolites, extraordinaires. Toujours dans un cadre de pauvreté. Grâce à la magie d’un éclairage particulier et d’un angle étonnant, une veste sans prétentions, travaillée par un tailleur de Calcutta, ou une enseigne publicitaire à Bénarès, noyée dans des fils électriques et des façades autrefois élégantes, se transforment en objets esthétiques, en œuvres d’art.

Du Mexique à l’Inde ou Bangladesh, de Prague à Lucknow ou encore aux Etats-Unis, le monde de Graciela Iturbide n’a pas des limites géographiques, son seul et unique paramètre est l’image, l’intérêt suscité par une prise de vue.


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