Le cœur de la ville offre une première plongée dans une petite cité qui surprend par son architecture harmonieuse.
Encore plus proche de la capitale mais toujours dans l’Etat de Hidalgo, la petite ville de Huichapan mérite largement le label de « Pueblo Mágico » qu’elle a décroché en décembre 2015. Peintures rupestres, riche architecture coloniale préservée, berceau de la lutte pour l’indépendance, stations thermales, artisanat de qualité, traditions gastronomiques aux accents bio-écologiques, écotourisme, charrería, une réponse hôtelière de caractère, tout y est pour se plonger dans une ambiance typiquement mexicaine sans pour autant verser dans la ronde des clichés.
Le cœur de la ville offre une première plongée dans une petite cité qui surprend par son architecture harmonieuse. En effet, ce sont les mêmes matériaux qui ont servi à tracer le tissu urbain depuis la création de la ville : portes en bois, balcons de fer forgé, grès rose, façades peintes de couleurs chaudes, etc. La place principale aménagée en espace arboré qui accueille des bancs publics est comme jadis le lieu de rencontres où se croisent les plus jeunes comme les plus âgés. Comme toutes les places mexicaines, elle est bordée par les édifices qui représentent les pouvoirs religieux, politique et commercial.


L’ensemble franciscain de San Mateo reste le plus important au vu de la hauteur de ses tours que l’on aperçoit de loin. Au centre s’élève la chapelle Notre Dame de Guadalupe avec une belle façade couronnée par une tour de pierre. Deux chapelles tout aussi imposantes lui sont accolées, celle du Troisième Ordre avec un portique baroque et en face celle de San Mateo Apôtre qui a conservé une façade de style exubérant churrigueresque. Au cœur de l’atrium réservé jadis aux indigènes se dresse une magnifique croix taillée dans un seul bloc de pierre. Par sa forme, elle était pour les Otomis le signe évident du lien entre la terre et le ciel, le temps et l’espace. Les moines ont veillé à enrichir ce symbolisme en y ajoutant l’histoire de la passion du Christ. Le résultat final, sculpté à l’époque par des mains indigènes, donne un témoignage exceptionnel de syncrétisme. Les archanges en adoration au pied de la croix portent sur leur tête la figure de Quetzalcoatl qui va ainsi soutenir la croix. Si tous les symboles de la religion chrétienne y apparaissent, le visage du Christ n’en est pas moins indigène avec des yeux bridés, des pommettes saillantes et un panache de plumes au lieu d’une couronne d’épines.


Face à cet ensemble religieux se dresse l’imposant palais municipal qui date de la fin du 19ème siècle. La ville qui reçut au lendemain de la Révolution le titre exceptionnel de « Ville des Martyrs de la Liberté » voulut se doter d’un bâtiment à la hauteur de la réputation. Toute la façade s’allonge le long de 7 arcs au-dessus desquels s’étire une longue balustrade ornée d’autant de balcons en fer forgé. L’harmonie générale qui sous-tend cette construction de pierres est typique d’une architecture classique à la mode à Paris et chérie par le président Porfirio Díaz.
Un autre édifice important dans l’histoire de la ville se trouve juste à côté du petit mais riche Musée d’archéologie et d’histoire. Il s’agit du fameux Chapitel, à savoir un balcon où fut commémoré le 16 septembre 1812 pour la première fois le célèbre cri de l’indépendance prononcé en 1810 par le père Hidalgo pour animer ses paroissiens à se soulever contre les Espagnols. Deux ans plus tard, la révolte des indépendantistes était loin d’être terminée et Huichapan n’accepta jamais de se rendre face à l’armée espagnole. Leur héroïsme tout comme la fameuse phrase prononcée par Julian Villagrán qui préféra voir mourir son fils plutôt que céder aux Espagnols : « Une femme pour avoir des enfants, il y en a beaucoup. De patrie, il n’y en a qu’une. » restent imprimés dans la mémoire des habitants de Huichapan. Le fils puis le père furent exécutés et leur tête fut exposée sur une grille qui cerne le temple de San Mateo, ce qui encouragea encore plus la population à prendre les armes.
La figure d’un capitaine d’infanterie espagnol a pourtant traversé les siècles et est encore reconnu comme un bienfaiteur pour la ville. Ce mécène, Don Manuel González Ponce de León, est même immortalisé par une statue installée dans une niche en forme de coquillage dans le chœur même de l’église, une situation exceptionnelle pour un civil dans un espace sacré. Né à Huichapan en 1678 et propriétaire par héritage de quatre villages, il consacra une grande partie de sa fortune à réaliser des ouvrages d’intérêt pour son peuple, et principalement à Huichapan. C’est lui qui permit la construction du très bel ensemble baroque de San Mateo ainsi que, plus décentrée, celle de la belle Chapelle du Calvaire. Huichapan lui doit aussi la fontaine qui orne la place du village, le lavoir et les bains publics de La Sabina ainsi que le barrage Metethé qui permit de créer un point d’eau pour le bétail et l’irrigation des terres.
C’est encore lui qui finança la construction d’un aqueduc qui servit à la fois de pont pour transporter les récoltes chargées à dos de bœufs ou de mules que de canal pour amener les eaux de l’autre côté de la vallée. Il fallut six ans pour édifier cette structure imposante qui compte 14 arches sur une longueur de 155 mètres et une hauteur de 44 mètres. Aujourd’hui on considère que l’aqueduc de Saucillo est le plus haut du monde latino-américain et le Parc Ecotouristique où il se trouve est devenu une destination de pique-nique avec des petites palapas dressées autour de barbecues mis à la disposition des visiteurs. C’est aussi un haut lieu d’écotourisme avec des activités aussi diverses que du rappel, de la tyrolienne, de l’escalade, des promenades équestres, des randonnées en mountain bikes, etc… Un site idéal pour les amateurs de sensations fortes ! Un bon contact pour organiser l’aventure : Ricardo Pacheco, guide accrédité et expérimenté operadoraxhitas@gmail.com. Il vous guidera aussi vers des haciendas ouvertes au tourisme installées au cœur d’un immense paysage désertique, de quoi vivre une authentique expérience agrotouristique à la mexicaine.




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